Bainville et son château sont pillés et incendiés en 1634 et 1635 par les troupes françaises et suédoises, seules deux maisons anciennes subsistent (Idoux. Les ravages de la guerre de Trente ans dans les Vosges. 1912). Aussi, peu de fermes présentent aujourd’hui d’éléments architecturaux visibles anciens remployés (linteau trilobé) et une maison non identifiée portait le millésime de 1569 (Idoux. 1912). La monographie de la commune de Bainville-aux-Saules réalisée en 1889 (sources : AD88 - 11T14/23) mentionne qu’une maison datée de 1625 au nom de Maillart avait échappé aux ravages des suédois et a été démolie en 1880 pour cause de vétusté. Quelques fermes relevées aujourd’hui remontent à la phase de reconstruction suivante, portant les dates 1701 modifiée en 1740, et 1745. Celles établies ou rénovées en 1797, 1800, 1824, 1826, 1834 et 1877 correspondent aussi à une période de forte croissance démographique. La population du village passe en effet de 28 habitants en 1710, à 250 habitants en 1793, jusqu’à 347 personnes en 1836, son maximum. Puis cette population chute progressivement pendant le siècle et demi suivant en raison de l’exode rural (108 hab. en 1982). Une légère hausse du nombre d’habitants dans la commune est visible ces dernières décennies (137 hab. en 2017). Ainsi la plupart des fermes relevées datent de la première moitié du 19e siècle (critères morphologiques et architecturaux, cadastre ancien).
La monographie communale de 1889 (AD88 - 11T14/23) et les statistiques agricoles (AD88 - Edpt30/3F1) apportent aussi les précisions suivantes sur les modes de vies et pratiques dans ce village essentiellement agricole. En 1882, les habitants y cultivent du froment, du seigle, de l’avoine, des pommes de terre, des betteraves fourragères, des carottes, du trèfle et de la luzerne, du colza, du tabac, du houblon, de la vigne, ainsi que du chanvre et du lin. En 1887, le village comptait 79 chevaux, 194 bovins, 190 porcs, 208 ovins, 12 caprins, 500 volailles et 90 ruchers. La fabrication de dentelle « si florissante pendant quelques années y est maintenant presque nulle ». Trois carrières à ciel ouvert sont exploitées à la limite sud du territoire à Bonfays : « Le grès bigarré qu’on en retire en quantité est estimé pour la maçonnerie, les ouvrages d’art. Son grain est fin, dur, peu taché d’argile, sa couleur variée, son veinage en font de superbes pierres de taille ».
Le moulin à farine avait la particularité de posséder deux systèmes pour fonctionner aussi bien en grandes eaux qu'en sécheresse. L’huilerie dans la vallée du Mêle Dansuren, proche des lieux dits « sur l’étang » et « les sorrières de l’étang » laisse entrevoir une installation antérieure différente (Chossenot Daniel, Les moulins du canton de Dompaire, XVIIIe et XIXe siècles. JEV 2011). Elle est réputée au milieu du 19e siècle et accueillait aussi une fabrique de plâtre. Le commerce de grains est également développé à Bainville-aux-Saules. (Lepage et Charton. 1845).
L’observation du recensement de la population en 1886 (AD88-6M574) montre un village agricole avec 64 cultivateurs/cultivatrices, 42 manœuvres et domestiques ainsi que 2 vignerons. On relève aussi quelques commerçants (2 aubergistes et un marchand ambulant), un médecin et des artisans assez nombreux et variés (boulanger, meunier, huiliers, charron, maréchaux-ferrants, menuisiers, barbier, tailleur d’habit, cordonniers, sabotier, maçon, entrepreneur de bâtiment et 4 tailleurs de pierres). Une part importante des femmes sont dentellières (42), les autres sont couturières (3), modiste (1) ou épicière (1).
A partir de 1910, il y a aussi des brodeuses et des perleuses, ainsi que quelques familles de luthiers. Un berger communal est signalé jusqu’en 1896, habitant rue du Pâquis, dans une maison communale (parcelle 1842 B 399) vendue en 1922, puis détruite (AD88-2O30/8). Les pratiques de la vaine pâture et de l’assolement triennal sont encore en vigueur dans la commune au début du 20e siècle.
Le terme de remembrement serait utilisé pour la première fois dans le bassin versant du Madon à Bainville-aux-Saules, en 1841. Un second remembrement est réalisé en 1985 (R. Jacopin. Paysages et pratiques des agriculteurs dans le sud du plateau Lorraine. 2011 p. 349 ; p.355).