Bocquegney a beaucoup souffert lors de la guerre de Trente ans et de l’épidémie de peste, ne comptant plus que 6 conduits en 1648, et l’année suivante les habitants abandonnèrent le village (Idoux. Les ravages de la guerre de Trente ans dans les Vosges.1912). Aussi, aucune ferme ne présente aujourd’hui d’éléments architecturaux visibles anciens. La plus ancienne porte la date 1708. Les autres bâtiments datés par une pierre gravée ont été construits ou rénovés en 1827, 1835, 1844, 1845, et 1854 ; ce qui correspond à une période de forte croissance démographique. La population du village atteint son maximum en 1846 avec 193 habitants. Puis cette population chute progressivement pendant le siècle suivant en raison de l’exode rural (81 habitants en 1975). Les autres fermes sont toutes datables des 18e et 19e siècles (critères morphologiques et architecturaux, cadastre ancien). Il est à noter que la tornade du 11 juillet 1984 a provoqué d’importants dégâts dans le village, anéantissant les cultures, les vergers et les forêts, arrachant la plupart des toitures, et engendrant la ruine de plusieurs anciennes fermes.
L’observation du recensement de la population en 1886 (AD88-6M607) montre un village agricole avec 41 cultivateurs, 5 rentiers, 4 domestiques de ferme, 2 vignerons dans la partie haute du village et un berger communal. Les femmes actives sont soit cultivatrices (17), soit bordeuses (13), dentellières ou couturière (3). Les autres se déclarent ménagères, domestiques ou gardes-barrière. On relève également quelques artisans et commerçants (3 maréchaux-ferrants, un terrassier, un charpentier italien, un marchand de chevaux), un instituteur et deux employés des chemins de fer. En 1906, la répartition entre cultivateurs (7) et manœuvres/domestiques (21) a été bouleversée. Il n’y a plus de vignerons, mais encore un marchand de fourrage, un maréchal-ferrant, un maçon, deux charpentiers, trois employés des chemins de fer et un menuisier employé chez Perrin à Darnieulles. Un berger et un bûcheron sont employés par la commune. Dix femmes sont brodeuses, la plupart pour le compte d’Alphonse Didelot à Hennecourt, et une pour les Dames Mougin à Dompaire. Il y a aussi une couturière, une épicière, une garde-barrière et une institutrice. Il est également à noter la présence d’un charcutier, d’un menuisier et d’un papetier-relieur dans les années 1930, ainsi qu’un pâtre communal (au moins jusque 1936). Les pratiques de la vaine pâture et de l’assolement triennal sont encore en vigueur dans la commune au début du 20e siècle.
Les bocquenois produisaient essentiellement du blé, de l’avoine, de l’orge, du seigle, des pommes de terre, du foin, de la luzerne et du trèfle (Lepage et Charton. 1845), ainsi que du houblon (G. Gley. 1870). Le commerce de grains, et en petite quantité de vins et de dentelles apporte un complément financier aux habitants. Les premiers tracteurs sont arrivés dans le village avec le plan Marchal, dans les années 1950 (Renault et Massey-Ferguson), par les gares de Dompaire ou de Darnieulles qui possédaient un quai de déchargement pour les machines agricoles et les engrais, contrairement à la gare de Bocquegney (pour voyageurs et petits colis). Cette voie ferrée Epinal-Neufchâteau est établie en 1878, partiellement fermée en mai 1989 (source orale : Jean Michel Malglaive, habitant).
Avant l’installation du système d’adduction d’eau vers 1958, le village est alimenté par un ensemble de puits, de fontaines, d’un égayoir aménagé dans le ruisseau (pédiluve pour chevaux) et d’un lavoir avec une buanderie.