Des traces d’occupation humaine néolithique ont été trouvé à Bouzemont (Autissier, Anne. L’Eglise Saint-Georges de Bouzemont. Mémoire de Maitrise de l’Université de Nancy II. 1990). D’après la carte archéologique, les tumuli et sépultures fouillés au 19e siècle, aux lieux-dits « Haut des Faux » et « Bois du Haut Fays » atteste d’une présence aux époques du Bronze final III et d’Hallstatt ancien moyen, mais aussi Franque et Mérovingienne (mobilier conservé au MDAAC d'Epinal). Une villa a également été fouillée dans les années 1820 au lieu-dit « Le Couvent ». D’autres vestiges gallo-romains ont été découverts sur le « Plateau d’Aval », notamment un ex-voto en grès représentant un groupe de deux bœufs en ronde-bosse, remontant peut-être à la première moitié du 3e siècle (h=55cm, la=45cm, l=50cm). La commune se trouve sur le tracé de la voie romaine de Corre à Charmes.
La pierre dite de Saint-Bozon située à la Fontaine des Prêtres, est incluse dans un site qui pourrait remonter à la période gauloise. Cette pierre ayant servi de frontière aux territoires de Bouzemont, Circourt, Derbamont et Lamerey, a disparu en 1877, et remplacée par un fax-similé en 2000.
Le toponyme de Bouzemont (Bosonismontis) est attesté sur un document de 1015. Le ban de Bouzemont, comprenant aussi Bazegney, appartenait en 1594 au bailliage des Vosges, prévôté de Dompaire et de Valfroicourt, ban de Girancourt, puis à partir de 1751 du bailliage de Darney, coutume de Lorraine. Au spirituel, la commune fait partie du doyenné de Jorxey, du diocèse de Toul puis de l’évêché de Saint-Dié (Lepage et Charton. 1845). Les Dominicains de Charmes avaient aussi jusqu’à la fin du 18e siècle, des revenus pour des locations de gagnage composé de 64 jours 7 ornées de terres labourables, 12 fauchées de prés, 11 ornées de chènevières et 5 ornées de vigne (sources : AD88 - 11T16/53).
Le village a beaucoup souffert lors de la guerre de Trente ans et de l’épidémie de peste de 1633. Il n’y reste plus que 2 conduits et demi (Idoux. Les ravages de la guerre de Trente ans dans les Vosges.1912). Aussi, aucune ferme ne présente aujourd’hui d’éléments architecturaux visibles antérieurs au 17e siècle. Deux photos conservent la mémoire d’un linteau chanfreiné daté « 1565 » en remploi, place de l’église (Illustrations 77 88 4354 Z1 et 77 88 4355 Z1) qui a probablement été détruite (non localisée en 2018). La population de Bouzemont, qui n’est encore que de 28 personnes en 1710, compte déjà 197 habitants en 1793, et atteint un maximum de 291 habitants en 1846. Puis cette population chute progressivement pendant le siècle et demi suivant en raison de l’exode rural (30 habitants en 1990). Les bâtiments datés par une pierre gravée visibles aujourd’hui ont été construits ou rénovés en 1642, 1682, 1724, 1791, 1803, 1823, 1835, 1868 et 1894. La date de 1718 est aussi visible en façade de l’ancien presbytère. Les autres fermes sont datables des 18e et 19e siècles (critères morphologiques et architecturaux, cadastre ancien). Ces dates évoquent d’une part les périodes de reconstruction après la guerre de Trente ans, soutenue notamment par la politique du Duc Léopold au début du 18e siècle ; et d’autre part, la forte croissance démographique du 19e siècle.
L’instituteur A. Nicolle, en 1889 décrits les caractéristiques du village dans une monographie communale (sources : AD88 - 11T16/53), à travers les éléments suivants : A la veille de la Révolution Français, Bouzement possédait 55 feux. Les principales cultures sont alors le blé, l’orge, l’avoine et les pommes de terre. Un peu de chanvre et de lin est produit pour les besoins de l’habillement. Le blé, l’orge, l’avoine sont vendus à Epinal, tandis que les menus produits du ménages (beurre, œufs, volaille…) s’écoule sur les marchés de Mirecourt. A début du 17e siècle, il y avait deux foires à Bouzemont, qui n’existent plus fin 18e siècle. Les propriétaires (habitants ou étrangers) ont le droit de vaine pâture dans toute la prairie, et dans les prés après la rentrée des regains. Le pressoir banal, appartenant au domaine du Roy et du Chapitre de Saint-Gengoult, composé d’un petit et d’un grand pressoirs dans le même bâtiment, est utilisé jusqu’en 1792, au moment où il est vendu comme Bien National. La seule industrie est la fabrication de dentelles fines, occupant presque toutes les femmes, qui gagnent jusqu’à 2 francs par jour, apportant une aisance relative aux familles. Les dentelles sont vendues à Mirecourt par deux ou trois habitants de Bazegney, qui les font confectionner à leur compte pour les revendre ensuite. Pendant l’hiver, quelques individus exercent aussi le métier de peigneurs de chanvre.
Il existait également deux carrières de pierre à bâtir. (Léon Louis, Paul Chevreux. Département des Vosges. 1889).
L’observation du recensement de la population en 1906 (AD88-6M615) montre en effet un village agricole, où quasiment toutes les femmes sont brodeuses (35) ou dentelières (4), avec très peu d’artisans et commerçants (épicier, menuisier). Les villageois sont cultivateurs (27) ou vignerons-polyculteurs (22). Le vin dont « la qualité est estimée » est utilisé pour la consommation locale et le commerce (Lepage et Charton. 1845). Un berger communal est également signalé jusque vers 1913, habitant dans une ferme (détruite) située dans la Grande Rue (parcelle cadastrale 1885 B 347 / 2019 B 178). Avant la construction du réservoir à cet emplacement et celle du système d’adduction d’eau potable au milieu du 20e siècle, les habitants se procuraient de l’eau à la fontaine de l’Église, mais surtout aux sources et fontaines-lavoirs en contre-bas de la côte (fontaine Gir-Fontaine).
La mairie et l’ancienne école ont été installées en 1827, dans un bâtiment construit en 1823 par Alexandre Henriot, instituteur (cf. IA88031798). C’est également la maison natale de Dom Joseph Pothier, moine bénédictin musicographe et rénovateur du chant grégorien (1835-1923).